La Francophonie – Un espace dans lequel on se sent chez nous

Graham PAUL, Ambassadeur de France en République de Moldavie, a accordé, le 12 avril 2024, un entretien aux élèves de la X-ième A classe bilingue du Lycée Ioan Voda de Cahul dans le cadre de la formation "Franco’Fil" organisée par l’Alliance Française de Moldavie.

Avant de venir en Moldavie, quelles étaient vos connaissances sur notre pays ?

Je dois avouer que mes connaissances étaient très générales, même si j’ai eu la chance dans les années 1990, – il y a longtemps donc -, d’être en poste à Vienne, à l’OSCE. J’étais à la représentation française à l’OSCE et j’avais un très bon collègue qui était l’Ambassadeur de la République de Moldavie à l’OSCE. Nous traitions de certains sujets, qu’on traite toujours aujourd’hui, comme la Transnistrie, comme la Gagaouzie, comme aussi les forces russes qui se trouvent illégalement stationnées sur le territoire de la République de Moldavie. Et ces questions-là, on les traitait déjà il y a 30 ans. Donc je voyais à peu près ce qu’était la République de Moldavie, mais j’avoue que je connaissais mal son histoire, je connaissais mal sa culture, je connaissais mal sa géographie. Mais encore une fois, j’avais eu la chance d’avoir un collègue moldave qui m’avait parlé de son pays. J’avais eu l’occasion de traiter un peu des difficultés de ces différentes questions.

Faut-il connaître la langue du pays dans lequel on est Ambassadeur ?

C’est mieux. C’est pas totalement obligatoire, mais c’est mieux. Donc ce que j’ai essayé de faire dans tous les pays où j’ai été en poste, ce n’est pas forcément d’être capable d’avoir une conversation, mais de comprendre comment fonctionne la langue. Je me suis mis un peu au roumain. Je suis pas capable d’avoir une conversation en véritable en roumain, mais je suis capable de lire. Déjà, ça m’aide dans mon travail. Et puis de comprendre la langue, ça donne beaucoup d’indications sur la société. Vous ne vous en rendez peut-être pas vraiment compte, parce que c’est votre langue maternelle, mais chaque langue a des sortes de marqueurs sociaux.

Moi, j’ai été très fasciné quand j’étais en poste au Japon. J’avais commencé à apprendre un peu la langue japonaise, comprendre comment ça fonctionnait. Et il y a des choses très frappantes au Japon. Par exemple, le vocabulaire utilisé par les hommes et par les femmes est différent. C’est une société où il y a une très forte séparation entre les genres, donc les hommes et les femmes, et normalement les japonais ne parlent pas exactement de la même manière si c’est à un homme ou si c’est à une femme. Autre exemple au Japon qui est caractéristique, ce sont les cartes de visite qu’on vous offre. Le japonais a différents niveaux de langue et vous ne vous adressez pas à un supérieur ou à un égal ou à quelqu’un qui est hiérarchiquement inférieur de la même manière. Vous n’allez pas utiliser les mêmes verbes, le même vocabulaire. Et donc, c’est en apprenant un petit peu le japonais, les structures de base du japonais, que j’ai compris comment fonctionnait la société japonaise. En Europe il y a aussi des différence mais ce n’est pas comme au Japon où tout est très codifié. Et la carte de visite est très importante pour justement savoir quel registre de langue vous allez utiliser. Et donc, si vous ne connaissez pas un petit peu la langue japonaise, vous ne pouvez pas comprendre pourquoi la première chose que les japonais font, avant même d’ouvrir la bouche, c’est de vous présenter la carte, parce que s’ils ne connaissent pas votre positionnement, ils ont beaucoup de mal à utiliser le bon registre du japonais.  Est-ce qu’ils doivent utiliser un registre déférent je dirais, ou un registre d’égal ou un autre registre. Donc, à votre réponse,  c’est mieux de parler la langue, ce n’est pas totalement indispensable, mais c’est mieux.

Quels sont les projets dans le calendrier diplomatique de relations moldo-françaises ? Quels événements sont attendus dans l’année à venir ? 

C’est difficile à dire pour l’année à venir, parce qu’il y a eu déjà beaucoup d’événements dans les dernières semaines. Vous avez peut-être vu que Madame la Présidente SANDU était à Paris au mois de mars, avec le Ministre de la Défense, le Ministre de l’Économie, le Ministre des Affaires étrangères, qu’il y a des différentes visites qui sont prévues d’un côté et de l’autre. Par exemple, la présidente de l’Assemblée Nationale Française est passée il y a peu de temps en Moldavie. Elle a eu un dîner avec Monsieur GROSSU. Donc, il y a beaucoup d’échanges.

Ce que je prévois, c’est que les échanges vont continuer. Il y a plusieurs ministres moldaves qui vont aller à Paris dans les semaines prochaines. Par exemple Monsieur PARLICOV, ministre de l’Énergie, le vice-premier ministre en cahrge de la Réintégration, Monsieur Oleg SEREBRIAN qui va aussi aller à Paris le mois prochain et c’est continuellement que nous avons des échanges. Il y aura aussi des visiteurs qui vont venir en République de Moldavie. Mais, pour l’Ambassade, bien évidemment, au-delà de ces contacts bilatéraux, ce qu’on essaye de faire, c’est de développer des projets en commun. Nous avons un projet qui est celui des Olympiades, puisque la France accueille les Jeux Olympiques. Et on a décidé d’essayer de stimuler l’intérêt des jeunes moldaves pour les Jeux Olympiques, et notamment dans les établissements avec des sections bilingues, comme chez vous, en vous faisant participer  à des mini-Jeux Olympiques. Ça, c’est un projet qu’on trouve intéressant, parce que au-delà des échanges entre les gouvernements, l’important, ce sont aussi les échanges entre les jeunes français et les jeunes moldaves, les échanges qu’on appelle dans la société civile. Ça peut être des villes par exemple, des entreprises, des étudiants, des scolaires, et tout ça c’est très important pour développer les relations et faire que ces relations durent et se développent. Parce que j’espère que vous aurez l’occasion d’aller en France, j’espère que vous vous ferez des amis, que ces amis viendront vous voir et que vous parlerez de votre séjour en France.  Cela donnera peut-être envie à d’autres jeunes moldaves d’aller en France et c’est effet boule de neige est très important. C’est comme ça que les jeunes, notamment, contribuent au développement de ces relations internationales, avec cette mobilité scolaire et universitaire qui, maintenant, fait partie de la réalité européenne. Aujourd’hui, pratiquement tous les jeunes européens ont la chance de pouvoir bénéficier de soutiens dans le programme Erasmus, par des bourses, ont la chance de pouvoir passer une partie de sa scolarité à l’étranger permet de revenir avec cette expérience et de nouvelles compétences.

Quel message voudriez-vous adresser aux jeunes moldaves ?

Je dirais, ayez confiance. Ayez confiance dans votre pays. Ayez confiance en vous. Vous avez beaucoup d’atouts. Vous avez la chance, la plupart d’entre vous, de parler plusieurs langues, ce qui n’est pas donné à tous. En plus, vous apprenez le français, ce qui est un atout aussi. Donc, il faut avoir confiance. Confiance en l’avenir et confiance dans ce que vous, votre génération, va faire de ce pays. Je pense que c’est important que vous impliquiez, j’allais dire politiquement mais ce n’est peut-être pas le terme exact, que vous vous engagiez en faveur de l’avenir de ce pays. Je pense que c’est important que vous ne laissiez pas des personnes qui ont plus de 60 ans décider pour vous. Vous avez votre mot à dire, vous avez vos priorités. Actuellement, la Moldavie vit un processus de transformation et cette transformation n’a de sens que si elle sert votre génération et évite notamment que des jeunes, comme vous, songiez à partir absolument du pays parce que vous estimez qu’il n’y a pas d’avenir pour la Moldavie.

Moi, je crois qu’il y a un avenir pour la Moldavie et je crois que cet avenir, il est pour vous, mais c’est aussi à vous d’y contribuer d’une certaine manière. Ce ne sont pas les générations d’aujourd’hui, simplement, qui doivent se charger de préparer le terrain pour vous. Vous êtes bien informés, vous avez des capacités, vous avez un point de vue, il faut le faire entendre, il faut qu’on vous écoute. Et je crois que c’est très important, et je crois la Moldavie a son mot à dire, a des choses à dire à la région, à l’Europe. Je pense que vous pouvez nous apporter des choses compte tenu de votre expérience, de la complicité de la société moldave, qui est un facteur, parfois jugé négativement, mais qui peut aussi être vu positivement. D’une certaine manière, vous êtes un creuset d’Europe. Vous avez l’habitude de composer avec vos communautés différentes, de jongler avec plusieurs langues, de régler des problèmes compliqués, donc, encore une fois il faut avoir confiance, il faut avoir cet enthousiasme, en fait, vis-à-vis de l’avenir, et ne pas se laisser, je dirais, démotiver, ne pas juger les choses avec trop de cynisme et de dire “on n’y arrivera pas”. Non, je pense que vous avez toutes les capacités pour y arriver.

Selon vous, quels sont les principaux objectifs de la francophonie en Moldavie ?

Les principaux objectifs de la francophonie en Moldavie, c’est d’être un dispositif qui soit vivant. La francophonie est un dispositif qui a une grande vitalité. Le français, ce n’est pas la passé., même si Moldavie il y a eu une période où il y avait beaucoup plus d’apprenants de français qu’aujourd’hui. Mais je pense que la francophonie n’est pas le passé et a un avenir en Moldavie. Pour ça, il faut faire preuve d’imagination. Il faut trouver de nouveaux sujets et c’est pour ça que je trouve que les Olympiades, c’est très mobilisateur parce qu’on fait du français en s’amusant. C’est ça l’idée. Ce n’est pas simplement en lisant Chateaubriand ou en faisant des études de grammaire qu’on apprend et qu’on aime une langue. C’est en utilisant cette langue dans différentes situations, en s’en servant pour se développer, s’épanouir personnellement, pour rencontrer les gens. Une langue, c’est d’abord un moyen de communication.

Donc, je pense que la francophonie, aujourd’hui, c’est une sorte de grande famille, la famille de tous ceux qui maîtrisent le français, qui ont appris le français et qui souhaitent continuer à le parler. Ce n’est pas simplement la langue de la France, c’est la langue de tous les pays qui pratiquent le français. La Moldavie fait partie de l’Organisation Internationale de la Francophonie et je crois en la Moldavie francophone. Le dispositif des Classes bilingues, les sections universitaires en français montrent qu’il y a toujours, en République de Moldavie, un intérêt pour le français. Ça permet de se distinguer, c’est-à-dire d’être un peu différent des autres. Parce que, si vous avez l’occasion de voyager un petit peu en Europe, vous vous rendrez compte que, dans votre génération, pratiquement tout le monde maîtrise plus ou moins l’anglais. Mais, il y en a qui, en plus, comme vous, maîtrisent le français.

C’est un plus. Quand vous êtes chef d’entreprise, vous recevez de nombreux CV. Et vous voyez que celui-ci a appris  l’anglais, très bien. Mais celui-là, il ne parle pas seulement anglais, mais il parle aussi français, ou espagnol, italien. Il parle plusieurs langues et ça, c’est un plus. Vous recevez dix CV et sur les dix CV, il y en aura peut-être un ou deux qui auront peut-être des compétences linguistiques plus larges que l’anglais. C’est un plus. Donc, si l’anglais est indispensable, c’est très clair, il faut aussi pouvoir se distinguer, avoir des compétences que les autres n’ont pas. Et l’apprentissage de la langue française, c’est, d’une certaine manière, dans le monde d’aujourd’hui, ce qui permet de se distinguer, d’avoir un petit plus, qui permet d’accéder à une autre culture, à d’autres marchés économiques, à une autre vision du monde. C’est donc important.

Quel rôle joue la francophonie dans les relations diplomatiques entre la Moldavie et la France ?

Elle a joué un rôle très important. Très important parce que, d’une certaine manière, elle a donné à la France, immédiatement après l’Indépendance de la République de Moldavie, avec l’écroulement de l’Union Soviétique, une sorte de point d’appui. On s’est intéressé à la Moldavie, ce n’était pas évident, parce que, justement, la Moldavie était francophone. Pour les français ça a été un plus bien évidemment, ça a été la curiosité de trouver un pays où on apprenait le français. Et dans les années 90, on apprenait beaucoup en République de Moldavie. Et ça a permis de développer les premiers échanges. Ça a été un facteur déclencheur de l’intérêt de la France pour la République de Moldavie. Je ne suis pas sûr que si la Moldavie n’avait pas été francophone, la France ce serait intéressé de la même manière au pays.  

Aujourd’hui, notre relation s’est beaucoup développée. Je dirais qu’aujourd’hui, la francophonie, c’est un des éléments. Mais, historiquement, je crois qu’il faut se rappeler que ça a été l’élément, encore une fois, déclencheur.

La francophonie est aujourd’hui un plus et pour les français, c’est assez agréable et intéressant d’avoir des interlocuteurs qui maîtrisent bien le français. On se sent rassurés, d’une certaine manière. On se sent un peu chez nous. Et ça crée un lien.

Je crois que c’est l’ancien président sud-africain qui disait : quand vous parlez une langue étrangère à un de vos interlocuteurs, vous parlez à son cerveau. Mais quand vous lui parlez sa langue, vous parlez à son cœur. Et d’une certaine manière, c’est vrai Si vous allez à Paris, par exemple, même si vous parlez bien français, et que vous rencontrez une jeune roumaine à la terrasse d’un café, vous allez voir que ce n’est pas la même relation. Parce qu’il n’y a pas cet écran de la langue. C’est vrai que pouvoir s’exprimer dans la langue du partenaire, ça rend le contact plus facile.

Pour conclure, pourriez-vous nous dire que signifie le mot francophonie pour vous ?

La francophonie, pour moi, c’est un espace culturel et linguistique tout d’abord. C’est un espace d’affinités, un espace dans lequel on se sent bien, on se sent chez nous. Moi, j’ai eu la chance, quand j’étais très jeune, d’aller en Afrique, dans des pays francophones. Et c’est vrai que la civilisation, la culture, l’habitat urbain, la cuisine sont différents. Mais le fait de pouvoir s’exprimer en français faisait qu’il y avait une affinité naturelle. On se sentait à l’aise, on pouvait poser des questions, on pouvait échanger, on pouvait plaisanter. Le sens de l’humour, c’est assez compliqué. On ne fait pas la même plaisenterie en anglais, en allemand, en français, en roumain, en russe, parce que le sens de l’humour est souvent lié à des jeux de mots, à des nuances dans la langue. Et ça, il faut le maîtriser. Et quand on est entre francophones, on y arrive, parce qu’on connaît les codes, d’une certaine manière, à la fois de la langue, mais aussi de la culture, très souvent. Je suis francophone, et je me sens bien dans cet espace de francophonie, ce qui ne veut pas dire que je n’aime pas m’exprimer dans une autre langue. Mais ce n’est pas la même chose. On parle de barrière de la langue : même les gens qui parlent très bien une langue étrangère, ce n’est pas leur langue maternelle. Donc il y a toujours un petit décalage. Et si on me pose la question, est-ce que vous préférez vous exprimer en français ou en anglais, même si je maîtrise correctement l’anglais, je vais dire, je préfère le français. Et vous, j’imagine que si on vous demande : préférez-vous vous exprimer en français ou en roumain ?, je pense que vous allez plutôt dire le roumain. Ce qui est normal, c’est la langue maternelle. Donc, pour moi, c’est très agréable d’avoir un espace international, diversifié parce que je crois que c’est ça qui est important.

C’est pour ça aussi que je rappelle que la francophonie, ce n’est pas seulement la France. C’est un espace très diversifié. Il y a beaucoup de pays africains. Aujourd’hui, la plupart des francophones sont en Afrique, numériquement. Mais il y en a aussi en Asie. Il y en a à l’autre bout du monde. Il y en a en Océanie. Il y a des francophones un peu partout. Et donc, ce qui est intéressant, c’est qu’au travers de ce lien linguistique, on a accès à des cultures différentes, à des visions du monde différentes, à des situations très différentes. C’est ce qui me plait. C’est cette diversité de la francophonie qui vous permet d’aborder les cultures africaines, les cultures Nord-américaines, comme au Québec et au Canada. Je trouve que ça a un intérêt. Voilà, si on était tous pareils, ce serait triste. Mais on est tous différents et pour ça, il faut quand même pouvoir communiquer. C’est pour ça que les langues sont importantes. Pouvoir communiquer entre nous, pouvoir se comprendre. Après, il y a le langage des signes. Mais bon, moi, je ne suis pas très doué pour ça. Donc je préfère parler, m’exprimer en français, comme j’ai la chance de le faire avec vous, aujourd’hui.

Donc félicitations pour votre français parfait. Une langue, c’est une matière vivante. J’espère que vous aurez l’occasion d’aller en France, pratiquer votre français. La langue vit. Et la langue de ma génération n’est pas la langue de votre génération. J’ai trois filles et, en les écoutant parler, parfois je me dis : tiens je n’aurais pas dit ça. C’est du français, mais la français que j’ai appris, que j’ai utilisé, parce que la langue a évolué, qu’il y a de nouveaux vocabulaires. Et, parfois, j’utilise des mots que mes filles ne connaissent pas, des mots que l’on utilise de moins en moins. Vous vous apercevrez qu’il y a des mots qui disparaissent de la langue, qui sont moins utilisés. Ils tombent, ce qu’on appelle, en désuétude. Et parfois, ça revient. Il y a des termes qui avaient disparu du vocabulaire et qui reviennent. Il y a aussi des modes. Et puis, il y a l’apport de la francophonie. Il y a des mots qui ont disparu du français en France, mais qui sont restés, par exemple, au Québec. Ou qui sont restés en Afrique. Ces mots-là continuent d’exister. Ils ont leur existence. Et parfois, on les voit revenir dans la société française, mais par des biais de l’étranger. Ils sont importés. Ce qui est très intéressant aussi, c’est la langue anglaise.  Pratiquement 50% des mots anglais sont, en fait, des mots français. C’est lié à la conquête normande. C’est Guillaume le Conquérant au XIème siècle. Mais c’est aussi lié à la proximité entre les deux pays. Il y a eu des échanges linguistiques. Il y a eu des mots anglais qui ont été intégrés dans le vocabulaire français, mais aussi beaucoup, beaucoup de mots d’origine française qui ont été intégrés et modifiés dans la langue anglaise. Par exemple, le mot “entrepreneur”  que vous trouvez en anglais, en fait, c’est un mot français. Quand vous dites ça à un américain, il est toujours un peu surpris parce que pour lui, un entrepreneur ne peut être qu’un américain.

Écrit par OLTEANU Elena et SATULOV Emilia du Lycée Ioan Voda, Cahul